PAGLOP
 

 

A NEW-YORK OU LOCMARIA
Au beau milieu d'un océan perdu dans un autre océan
Plus grand, le tissu mollasson et le bois craquelant
Font du vieux loup une brebis perdue.
Parti depuis une lurette un peu flétrie maintenant
Un tricot délavé sur le corps brisé par les coups du tonnant
Où Goulphar n'éclaire plus pour les marins perdus.
Le vieux loup abrité par le ciel inquiétant attend
Autrement que le jeune chien mort essoufflé de n'avoir pas été le vent
A s'affoler d'avoir trop vu le tissu mollasson, au lieu que d'avoir attendu.
Qu'un autre jour passe, et le loup attendra un autre levant
Autrement que le chien mort épuisé de ramer dix fois qu'immédiatement
Une vague joueuse le ramène dix rames en arrière.
Quiberon pointera. Ou New-York, ou Lorient.
Alors que le vieux loup délavé et brisé, mais patient
Aura laissé les éléments lassés jouer avec sa femme en mer,
Son navire, sa coque au nom superstitieux d'un amant
Féminin que les Anglais appellent she, comme si les tonnants
Ne brisaient pas aussi les Maries galantes, et leur vertu.
Le vieux loup dressera une croix de survivant
Pour remercier le vent de n'avoir pas trop joué, et pintera en pensant
Au jeune chien qui, à Locmaria, ne mouillera plus.

 

 

LA PROPHETIE (Le secret E)
De la fiente, et rendez-vous de pestilence
Chaque entité doit-elle traîner sa maladie ?
De fléaux dégoulinants en coulants silences
La fange immonde défigure ma Carélie.
Puissance cachée sous une peau anodine
-Claqueront les éclairs de justice et de paix
Contre le feu et le vice et la calamine-
D'un enfant investi, du peuple l'épée.
Le poignet libre et la main vengeresse
Régnera libre, un demain, la jeunesse.
Par la force de l'élu de ma prophétie
Et respirera à nouveau ma Carélie.

 

p13-14