PAGLOP
 

 

PACEMAKER
Un soir après l'autre, après l'autre, en haut des marches,
Le tambour du mystérieux homme qui marche
Rythme l'obscurité des étages au dessus
Et sur tout autre bruissement prend le dessus.
Deux fois par jour elle monte, et deux fois redescend
Et découvre le soir des terrains innocents
Auxquels n'accède son esprit qu'en ces secondes
Où la suit le pas oppressant de l'être immonde.
Lui, caché encore par delà le néon
Qui ne laisse pas voir jusqu'aux marches du fond
Lui, à la succession de pas si hésitante
Et aux joutes mimétiques si irritantes
Ne saurait être que laid, voire au moins, hideux
Et se rapprochant comme la peur, belliqueux.
Quand elle monte faire le ménage ou le dîner
De la vieille dame incontinente, au dernier,
Elle ne pense un instant à l'inconnu qui marche
A l'étage au dessus et qui descend les marches
Sans que jamais dans la lumière un pied ne mette
Tandis qu'en hâte, elle détache sa bicyclette.
Elle ne l'entend que quand elle est seule, en bas
Et, étrange, ces pas rythment comme son cœur qui bat...

 

 

IL EST TEMPS, CHERES PERFIDES
II est temps, chères perfides, que vous veniez
Heures du soir, voler mes battements derniers,
Heures du soir, comme tous les soirs, je vous défie ;
Heures du soir, voyez qu'enfin, je vous méfie.
Lancez encore vos flèches, vos poisons, vos salives ;
Vos questions sont la poudre, mon esprit l'ogive.
Mais je ne plierai pas, comme je ne plierai plus.
Il est temps, chères perfides, que je vous tue.

 

p07-08