GLOP
 

 

LA VIE EN VILLE
La rue des peines où débouchent des voix,
La rue des peines où débouchent des sons
La rue des peines où débouchent des noms
La rue des peines où débouchent des voies
La rue des peines où débouchent des objets
La rue des peines où débouchent des regrets
La rue des peines où débouchent des endroits
La rue des peines où débouchent des remords
La rue des peines où piétonnent des gens morts
La rue des peines où débouchent des saveurs
La rue des peines où débouchent des odeurs
La rue des peines où débouchent des couleurs
La rue des peines où débouchent des textures
La rue des peines où débouchent des rumeurs
La rue des peines où débouchent des fractures,
La rue des peines où l'on ne dit bonjour à personne
Et où tout le monde vient vous voir et vous salue;
La rue des peines où les chiens vous pissent dessus
La rue des peines où certains pardonnent
La rue des peines où les égouts sont un crue;
La rue des peines où certains se tuent
La rue des peines aux fenêtres étroites
La rue des peines où débouchent des souvenirs
Et à la première à gauche ou à droite:
L'impasse des sourires
Dont on repousse le fond
Quand un souvenir est bon.

 

 

LA VIE AUX CHAMPS
Que l'on est tranquille entre quatre champs
Combien le temps file entre quatre champs
Où l'herbe est encore écrasée d'hier
Et sera écrasée jusqu'en hiver,
Et encore, si l'hiver n'est pas trop doux,
Parce qu'entre quatre champs le froid est doux.
À la croisée du maïs et du blé,
S'élèvent en silence les cris de l'été
Rougissant le soleil au soir tombant
D'avoir vu tout ce temps les fleurs au vent.
Que l'onde est tranquille entre deux amants
Lorsque le temps file entre quatre champs.

 

p07-08