HISTOIRE COURTE
 

 

glissière de la tente, répondit à la place de Trout.

_ II veut dire qu'il est l'auteur de ce livre, Henry.

Les hommes restèrent pétrifiés. Elle demanda à entrer, ce qu'elle fit avant qu'il n'articulent une quelconque réponse.
Elle n'était qu'un gros tas de manteaux, de capuches et de pantalons. Elle enleva calmement ses couches, une à une, en continuant de parler.

_ Henry. Depuis tant d'années que tu ères dans ces montagnes où tu es mort, tu ne sais plus qui tu cherches ?
_ Mort ? Quoi, mort ?
_ Tu es parti de chez toi pour venir ici, il y a près de cinquante ans. Mais en te promenant, peu après ton arrivée, tu t'es perdu. Le soir même, tu t'es endormi dans le froid, et la tempête de la nuit a enseveli ton corps. Quand tu t'es réveillé au matin, tu savais bien, au fond, que tu n'était plus qu'une âme sans maison, mais tu as refusé de l'admettre...

Elle enlevait encore quelques habits, mais portait toujours une écharpe sur le visage qui la masquait aux yeux des hommes. Henry paraissait soudain agité :

_ Ce sont des sornettes ! Balivernes !
_ Je te reconnais bien là...-Pivotant vers Terry- Quant

 

à toi, tu n'attendras pas d'être réveillé pour comprendre... Car comme Henry, tu as trouvé ce que tu cherchais. Demande-lui donc son nom. Entier...

Il se tourna à son tour vers Henry... Qui parut alors être un vieillard. Il chevrota :

_ Mon petit, c'est toi ?

Terry était complètement perdu. Il regarda le vieil homme, devant lui, puis la femme qui se préparait à enlever sa dernière écharpe. Elle prit une voix douce pour lui expliquer, perdant son petit ton narquois, comme si elle avait fini déjouer avec eux :

_ C'est Henry Trout Junior, père du grand auteur que tu es. C'est moi qui lui ai mis ton livre dans le sac. J'ai distribué tes œuvres dans le monde entier. Tu as fait rêver des milliers de gens. Tu es important pour des milliers de gens : cet enfant qui s'endort tous les soirs, bercé par la lecture de ton livre. La dernière chose qu'il fallait, c'était que ton père se rende compte combien tu est un écrivain merveilleux. Il l'a lu, et il a adoré...
Elle ôta enfin le tissu :

_ Et moi, je suis aussi très fière de toi.
_ Maman !
_ Marie !

 

p45-46