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devait
continuer son voyage, maintenant, il en était convaincu. Les réponses
viendraient d'elles même.
PARTIE IV : La famille du chalet.
Loin des routes, loin des villes, loin des gens et des boîtes à
gants, des bibliothèques ; il redevenait le vieux bonhomme solitaire
qu'il n'avait jamais cessé d'être, avançant avec peine
dans les champs de neige, franchissant les clôtures barbelées
qui barraient sa progression vers le Nord, vers sa nouvelle vie. Vers
les réponses. La nuit recouvrait presque entièrement la
voûte du ciel. Juste une petite lueur, à l'Ouest, du soleil
qui s'en allait éclairer d'autres pays. Le froid se fit plus coupant
encore.
Terry Trout ne pouvait plus prêter attention au deux grosses pierre
entre lesquelles il passa. Comme les deux soutiens d'un énorme
portail qui aurait disparu, que l'obscurité finissaient de rendre
inquiétantes. Les piliers ne pouvaient pourtant qu'annoncer la
proximité d'un refuge. Sans doute en ruines, mais pour passer la
nuit, ça serait mieux que rien.
En fait de tomber sur un abri délabré, le voyageur se cogna
plutôt contre un petit chalet en bois. Mais l'homme transi ne vit
contre quoi il venait de buter, ni la cheminée fumante, ni la voiture
garée sous l'aile de la maison, recouverte au tiers par la couverture
blanche et glacée. Il s'effondra sur le sol poudreux au contact
de la porte, quasiment inconscient. Aussitôt,
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la
lumière émanant des fenêtres changea d'intensité.
Malgré le bruit du vent et les craquement réguliers du bois,
On avait entendu le pauvre homme se cogner.
La lueur du feu et le crépitement des bûches donna au vieil
homme l'impression de se réveiller dans son propre roman. Son dernier,
où il se rappelait les soirs qu'il passait dans la chambre, auprès
de sa mère. Il la confondit même un instant avec la femme
qui lui tendait une autre couverture. Les cheveux longs et brillants,
le regard protecteur et inquiet, et l'âge que sa maman avait quand
il était, lui, enfant.
_
Vous vous sentez un peu mieux ? Vous avez toujours froid ? Tenez, une
autre couverture... Vous voulez peut-être vous rapprocher du feu
?
Les lèvres encore faibles, il retrouva ses esprits. _ Qui êtes-vous
?
_ Je vous ai recueilli sur le pas de ma porte cette nuit. Vous avez dû
vous assommer contre la maison. Normal, remarquez, avec le blizzard, on
n'y voit pas à deux mètres... Mais que diable faisiez- vous
dehors, la nuit, en cette saison ? Vous êtes perdu ? C'est que j'ai
bien cru que vous étiez mort de froid, juste sur mon propre paillasson
!
_ Cette nuit ?
_ Oui, la nuit dernière, quoi. Vous avez dormi toute la journée.
J'aurais appelé le docteur, si j'avais pu, mais le téléphone
est coupé. Et de toute façon, personne ne peut circuler
avec ce temps.
_ Je ne sais comment vous remercier. Je suis parti de Gatecrick à
pied avant hier...
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