HISTOIRE COURTE |
par
les éclairs artificiels des canons, le squelette froid d'un hangar
bombardé. Le jeune mortel prit la peine de réfléchir
sur ce que l'homme faisait à la nature, en prenant quand même
soin de ne pas ralentir. Sans doute pour justifier la culpabilité
grandissante -comme sa distance au front- d'ainsi déserter. Voir
combien l'homme est corrompu par sa propre morale donne une bonne raison
de le fuir. Sautant de vieux cadavres organiques, des humains, des animaux,
des plantes, il fut presque tenté de sourire face à l'ironie
de défendre une terre que l'on ravage pour mieux sauver. Cette
vallée avait dû être si belle, certains matins où
le soleil avait décidé de jouer avec sa lumière.
Cette nuit, les hommes sont passés. Cette nuit, le plus beau coin
que cachent ces champs, c'est cet enchevêtrement de poutres en métal,
plus guère couvertes pas les tôles. Voilà donc l'endroit
chaleureux. Le refuge. Bah ! Pour l'instant, ça serait mieux que
rien... |
temps
de voir s'il avait affaire à un ami ou à un ennemi, et le
cas échéant, tirer le premier. _C'est toi, l'intrus, lui fit-il. Davantage que le sens, le jeune mortel fut stupéfait par le son de la phrase. Cette voix... Il se trouvait devant lui même. Comme devant un miroir. Le double renchérit : _C'est
toi qui est venu me déranger. J'étais bien moi, ici, tout
seul. La question sortit avec peine, autant articulée qu'une mélodie d'outre tombe. La panique surgit en lui avant la réponse. _Et
qui veux-tu que je sois d'autre, couillon ? Mais
loin de calmer le soldat, cette réponse énigmatique |
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