AMÛÛR
 

 

AURA L'ARBRE
Prenez un arbre, de ceux des plus majestueux.
De ceux qui ont amené l'homme à croire en dieu.
Levez les yeux et regardez- le,
Car vous avez là La forme tangible que serait son aura
Et ça, je lui ai dit comme je le redis là
Plusieurs centaines et d'autres centaines de fois.
Un arbre où un bois de la plus pure noblesse
A la finesse d'or et couleur de sagesse,
Aurait donné sa chaleur à ces deux yeux là,
La valeur inaccessible de son minois
Et ça, je lui ai dit comme je le redis là
Plusieurs centaines et d'autres centaines de fois.
Et elle, ne trouvait pas.
Imaginez que les pétales les plus doux
Se fassent peau pour envelopper ce bijou
En blancheur de nacre, ensuite, modelez-la
Aux plus belles collines et vallées qui soient
Et ça je lui ai dit comme je le redis là
Plusieurs centaines et d'autres centaines de fois.
Et elle, ne trouvait pas
Et elle, n'écoutait pas.
Prenez le fruit des pétales, le fruit de cet arbre
A sa chair gourmande, ses pépins de blanc marbre
Qui vous sourit et vous nourrit, et ce fruit-là
A la peau rosé et sucrée comme sa voix
Et ça je lui ai dit comme je le redis là
Plusieurs centaines et d'autres centaines de fois.
Et elle, ne trouvait pas
Et elle, n'écoutait pas
Et elle, ne savait pas

 

 

Ecoutez un peu vers cet arbre et ses oiseaux
Chantant comme à son rire, aussi haut que chaud
Perchés sous le ciel de l'âpre destin qu'elle a.
Rire et chant, parole et mot : savourez bien ça
Et ça, je l'entendrai comme je l'entends là
Plusieurs centaines et d'autres centaines de fois.
Et elle oubliera ça.
Et puis m'oubliera, moi.

 

L'AUTRE NECESSAIRE
TRIANGULATION DU DESIR
(à Thierry)
Ou le triangle équilatéral
Dans lequel je désire ardemment
Placer ma médiatrice.
Quand elle m'a dit
Embrasse-moi, veux-tu?
J'avais la médiatrice obtus.
Quand il m'a dit:
Va, je ne te hais point.
j'ai serré les fesses, d'instinct.
Quand, ensemble, ils ont appris
les imbrications de leurs géométries,
J'ai su que j'avais fini
De me faire du soucis.

 

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