AMÛÛR
 

 

MA MENTEUSE PARTIE
Je dormais hier dans un doux lit de délices
Mais à présent je m'écorche aux draps abrasifs.
Entre temps, tel un silence entre deux complices
Un ange blond est passé, volant lent et vif.
La vie va et vient, mer aux vagues inlassables
Qui passent et glissent sans cesse sur mes iris
Purs et vierges jadis, maintenant hôtes des sables,
Brise mon cœur avant même qu'il ne se bâtisse.
Mais quelle différence, avant ton arrivée
Et à présent que tu m'as mis le cœur en miettes ?
Je ne puis recouvrer ma trace, j'ai dérivé.
J'étais si bien avant toi, et puis pendant.
Pourquoi si triste, maintenant ?
Je crois, en fait
Que je ne serai plus moi, sans toi qui me mens.

 

 

NE SURTOUT PAS SE REVEILLER
Quand les papillons pleurent, il pleut.
Quand les papillons meurent, il neige.
Battent leurs ailes, elle cligne des yeux,
Les lèvres, papillons de solfège.
Quand elle pleure, un papillon meurt,
Quand elle meurt, les papillons pleurent.
Battent leurs ailes, chatouillent mon cœur
Qui sourit, il neige de bonheur.
Il neige quand les papillons meurent ;
La douce nappe immaculée
Amuse alors un peu mon cœur
Sourit, belle, me donne un baiser.
Je m'évanouis dans la blanche,
Mon corps tombe et fait s'envoler
Mille flocons. Je vois, elle se penche ;
Derrière, ils commencent à danser.
Son visage d'ange se dénote,
Lisse et laiteux sur le ciel bleu.
Eux, déjà haut, virevoltent.
Les flocons, papillons heureux.

 

p05-06